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L'Humanité.svgΣυνέντευξη της Ρένας Δούρου στη γαλλική εφημερίδα “L’Humanité”,  3 Νοεμβρίου 2011

« Si le référendum a lieu, le peuple donnera sa réponse claire »

Pour Rena Dourou, responsable de la politique européenne de Synaspismos, le gouvernement grec cherche, avec le référendum, le soutien du peuple à l’austérité.

Quel regard porte Synaspismos 
sur l’annonce d’un référendum 
à propos du plan européen décidé le 26 octobre ?

Rena Dourou. Le premier ministre ne voue pas de culte spécial pour les institutions démocratiques. Pour preuve, il ne daigne pas se présenter au Parlement pour répondre aux questions, ou il 
le fuit au lieu de le tenir informé 
sur des décisions concernant
les accords cruciaux avec 
les leaders de l’eurozone. Alors 
on peut s’étonner de sa décision 
de demander un référendum, 
aux contours d’ailleurs très flous. Mais en fait ce que M. Papandréou cherche, ce n’est pas de mettre 
le peuple en avant, mais d’utiliser le référendum, un outil démocratique par excellence, 
pour ses propres buts politiciens : rester le plus longtemps 
au pouvoir alors que son gouvernement est rejeté par 
la grande majorité du peuple grec, comme on l’a constaté 
il y a quelques jours au cours 
de la célébration de la fête 
nationale du 28 octobre, quand 
les représentants du gouvernement ont été copieusement hués. 
En bref, si le référendum a lieu, 
le peuple donnera sa réponse claire, en rejetant massivement 
ce gouvernement et sa politique 
de rigueur. Et après se posera la 
question à laquelle M. Papandréou 
a évité de répondre : en cas 
de réponse négative, restera-t-il premier ministre ?

Avant le G20, quel est le signal donné par cette décision ?

Rena Dourou. Elle est censée semer la confusion sans garantir en réalité une voie différente de sortie de crise. En fait, M. Papandréou ne cherche pas d’autres solutions à présenter que celles demandées par la troïka (BCE, Commission européenne, FMI) : la recette de l’austérité. Car, si c’était le cas, il aurait demandé son avis au peuple grec il y a très longtemps, bien avant de faire venir le FMI et la troïka à Athènes.

C’est pourquoi vous revendiquez 
des élections anticipées…

Rena Dourou. Elles sont le seul moyen de sortir de la crise. 
Le moyen le plus en harmonie avec le sentiment populaire, 
qui veut que ces gouvernants 
s’en aillent enfin ! Et le moyen 
le plus approprié pour débloquer la situation politique et sociale d’aujourd’hui.

Que pensez-vous de l’annonce du premier ministre d’un changement complet de l’état-major de l’armée ?

Rena Dourou. Il s’agit d’une décision très grave, prise par un gouvernement au bout du rouleau. Le changement complet de l’état major de l’armée est dû au système clientéliste entretenu par les deux partis au pouvoir. Il s’agit d’une mauvaise tradition suivant laquelle lepouvoir politique peut contrôler l’armée.

L’austérité, appliquée depuis 
deux ans, enfonce la Grèce dans la récession. Quelles alternatives proposez-vous ?

Rena Dourou. Depuis longtemps, nous demandons le changement complet de la politique suivie par le tandem Merkel-Sarkozy pour l’eurozone. Avec le Parti de la gauche européenne (PGE), nous demandons, par exemple, le changement du rôle et de la mission de la BCE, pour qu’elle puisse prêter à des taux très faibles, voire nuls, aux États comme elle le fait pour les banques. Ou la création d’un fonds européen de développement social et de solidarité financé par le produit de la taxation des transactions financières. De cette façon, on pourra stimuler la croissance, en court-circuitant les méthodes néolibérales qui sont en train de créer le cercle vicieux de rigueur, récession, chômage et en se débarrassant du financement des marchés financiers et de leur spéculation. On demande également la mise sous contrôle social de banques, des investissements publics favorables au développement social, bref le renversement total de la politique actuelle en mettant l’accent sur l’emploi, la croissance, la solidarité.

Quelles sont les actions syndicales et politiques pour les semaines à venir ?

Rena Dourou. Jeudi 3 novembre, on organise une mobilisation des syndicats avec une manifestation au centre d’Athènes. En général, nous sommes aux côtés des mouvements des Indignés, syndicaux, des étudiants, en cherchant à les accompagner et non pas à les accaparer. Car le gouvernement tient responsable Syriza ou Synaspismos pour tout ce qui se passe au niveau syndical, en cherchant de cette façon à minimiser l’importance de différents mouvements qui voient le jour dans le pays aujourd’hui.

Entretien réalisé par Fabien Perrier

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